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Avocat spécialisé en droit du travail à paris

Clause de non-concurrence : ce qu’il faut absolument savoir avant (ou après) avoir signé

Discrète au moment de l’embauche, redoutée au moment du départ, la clause de non-concurrence est souvent l’un des sujets les plus flous pour les salariés. Peut-on vraiment m’interdire de retravailler dans mon secteur ? Dois-je respecter la clause si elle n’est pas payée ? Puis-je négocier sa levée ? Voici le guide complet, rédigée par Maître MARTIN avocat en droit du travail sur une clause qui peut, à elle seule, bloquer un nouveau départ professionnel.

1. C’est quoi, une clause de non-concurrence ?

La clause de non-concurrence est une disposition du contrat de travail (ou d’une convention collective) qui interdit au salarié, après la rupture de son contrat, d’exercer certaines activités professionnelles :

  • dans un secteur géographique défini ;
  • auprès de certains concurrents ou clients ;
  • pendant une durée limitée ;

Le but ? Protéger les intérêts légitimes de l’entreprise, en évitant qu’un salarié parte avec ses compétences, son réseau ou ses infos stratégiques chez un concurrent.

2. Est-ce légal ? Oui, mais sous conditions strictes

La jurisprudence exige quatre conditions cumulatives :

  1. Être indispensable à la protection des intérêts légitimes de l’entreprise ;
  2. Être limitée dans le temps (souvent entre 6 et 24 mois) ;
  3. Être limitée dans l’espace (ex. : une région ou quelques départements) ;
  4. Donner lieu à une contrepartie financière (généralement entre 20 % et 50 % du salaire mensuel brut).

Exemple : Un commercial en cosmétiques à Paris ne peut se voir interdire tout poste en Europe pendant 3 ans sans compensation financière. La clause serait annulée.

3. Une clause sans contrepartie financière est nulle

C’est une condition essentielle. Sans indemnité prévue ou versée, la clause de non-concurrence est réputée non écrite.

La contrepartie doit être :

  • Précisée dans le contrat ;
  • Versée après la rupture, souvent mensuellement.

Exemple réel : Une salariée voit dans son contrat une clause de non-concurrence, mais sans mention de rémunération. Elle rejoint un concurrent. L’ancien employeur tente d’obtenir des dommages et intérêts. Il est débouté : la clause est jugée nulle.

4. Peut-on m’obliger à respecter une clause non-valable ?

Non. Et c’est une erreur fréquente. Certaines entreprises inscrivent des clauses :

  • Trop générales (« toute activité concurrente en France pendant 2 ans ») ;
  • Sans limitation géographique ou temporelle claire ;
  • Sans contrepartie.

Dans tous ces cas, la clause peut être contestée devant le conseil de prud’hommes.

Bon à savoir : C’est à l’employeur de prouver que la clause est licite, pas au salarié de prouver qu’elle ne l’est pas.

5. Peut-on lever la clause ?

Oui, mais seulement l’employeur.

Le code du travail permet une levée jusqu’à la sortie des effectifs, pas après, mais le contrat de travail peut prévoir des conditions plus strictes.

Certains contrats stipulent en effet que :

  • L’employeur peut renoncer à la clause dans un délai court (souvent 15 jours après la notification de la rupture) ;
  • Dans ce cas, aucune indemnité n’est versée, et le salarié est libre

Exemple concret : Un salarié pose sa démission dans l’entreprise. Son contrat permet à l’employeur de lever la clause dans les 10 jours suivant la notification de la rupture. L’entreprise notifie par écrit sa renonciation dans le délai : la clause ne s’applique pas.

6. Que se passe-t-il si je ne respecte pas la clause ?

Si la clause est licite et que vous percevez la contrepartie :

  • En cas de violation (emploi chez un concurrent, création d’entreprise, démarchage clients…), l’employeur peut saisir les prud’hommes ;
  • Il peut demander :
    • La restitution des sommes versées ;
    • Des dommages et intérêts ;
    • Parfois, la suspension de votre nouveau contrat.

Exemple : Un ancien chef de projet, lié par une clause de non-concurrence, monte sa société dans la même ville, sur le même marché. L’ancien employeur obtient 25.000 € de dommages et intérêts et le remboursement des échéances de la contrepartie financière versées.

7. Peut-on négocier la clause ?

Oui. Et c’est vivement conseillé.

  • Avant la signature du contrat : vous pouvez négocier sa suppression, ou au moins la contrepartie (ex. : 33 % au lieu de 20 % du salaire) ;
  • Au moment du départ : vous pouvez solliciter une levée amiable de la clause par écrit, surtout si l’entreprise n’a pas intérêt à la maintenir.

Conseil : Ne partez jamais en pensant « ils ne me poursuivront pas ». Une clause bien rédigée et non levée vous lie juridiquement, même si vous partez en bons termes.

8. Comment réagir face à une clause de non-concurrence floue ?

Voici la démarche à suivre :

  1. Faire relire la clause par un avocat en droit du travail tel que Maître Charles-Elie MARTIN ;
  2. Vérifier les 4 conditions légales ;
  3. Analyser le contexte du départ ;
  4. Tenter une négociation amiable si la clause est excessive ;
  5. Si nécessaire, saisir le conseil de prud’hommes.

Exemple : Un ingénieur souhaite rejoindre une start-up concurrente. Il apprend que son ancienne entreprise applique la clause dans 100 % des cas. Son avocat en droit du travail constate qu’il n’y a aucune contrepartie prévue. Le salarié est libre de son choix, sans risque.

9. Et pour les employeurs ?

Une clause mal rédigée, ou non levée à temps, peut coûter cher. Payer pendant un an un ancien salarié parti… sans protection réelle ? Cela peut être évité par :

  • Une rédaction claire et ciblée ;
  • Une levée anticipée ou automatique ;
  • Une renégociation lors du départ.

Employeur ou DRH, je vous accompagne également pour sécuriser vos clauses, et éviter les erreurs de forme ou de fond qui peuvent rendre la clause inapplicable.

En résumé : ce qu’il faut retenir

Question

Réponse

Une clause sans contrepartie est-elle valable ?

Non

Peut-on m’interdire de travailler ailleurs ?

Oui, mais seulement dans les limites précises fixées

Puis-je la contester ?

Oui, si les conditions ne sont pas respectées

Peut-elle être levée ?

Oui

Dois-je respecter la clause si elle est abusive ?

Non, mais faites-vous accompagner pour l’analyser

Vous êtes concerné(e) par une clause de non-concurrence ?

En tant qu’avocat en droit du travail à Paris, j’accompagne salariés et employeurs dans la négociation, la contestation ou la sécurisation de cette clause parfois décisive dans une carrière.

Un bon conseil peut faire toute la différence.



1 Comments

  1. Ping :Etre bien accompagné pour négocier une rupture conventionnelle.

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